TENERIFE en 125 DTMX : novembre 2004




Le lieu, les Canaries Tenerife... Une petite île espagnole perdue au milieu de l'Atlantique et entourée de flotte…La côte qui fait le tour avec le soleil et une température avoisinant les 30 degrés.. et au milieu un volcan éteint le Teide qui culmine à plus de trois mille mètres.


Lundi 24 novembre 2004, départ en stop pour rallier la Playa Los Americas où se trouvent des locations de moto. L’ouverture de la boutique étant à neuf heures du matin, je suis donc partie de mon hôtel vers huit heures J'avais déjà repéré le coin à pieds et en bus avant. Il n’y a pas énormément de circulation, peu de routes et les touristes ainsi que les locaux ne prennent que de l’autoroute. J’avais acheté une carte la veille histoire d’étudier le road book. Je ne voulais prendre que des petites routes de montagne. J’avais donc acheté la carte de l ‘île pour préparer mon road book. Je pensais également prendre quelques pistes avec un 250 TT ou un 350 DR à la location pour 63 euros la journée.


Départ au lever du jour





Le sac à dos était prêt aussi avec le blouson étanche, la doudoune polaire et le sweater, les grosses pompes de randonnée spéciales neige. Je ne sais pas pourquoi mais je me méfie des volcans et de leurs conditions climatiques un peu particulières. Méfiance certainement due à mon périple de l’année d’avant en Italie ou j’ai pu côtoyer le brouillard du Vésuve et la neige de l’Etna sur mon 1400 intruder peu adapté à ces conditions climatiques extrêmes... Pas de gants, et je n’étais pas sûre d'en avoir en location.. je prend donc mes gants de plongée qui pourraient au moins me protéger de la pluie


Je suis arrivée à 8h45. Finalement, le stop ça marche bien!!! Le temps de boire un café et de foncer à l'ouverture de la boutique; « Opacio » Déception. Il ne reste plus de trails sympas, les deux que je voulais ne sont pas disponibles. Il ne reste que des Transalps, des Africas ou des customs à 73 euros la journée. Je n’avais pas trop envie de galérer sur les pistes et petites routes avec un tank. Il ne me reste donc qu'un 125 DTMX a 43 euros la journée. Pourquoi pas? Après tout, cette moto me suffira pour rouler cool et profiter des paysages. On me refile un jet sans visière trois fois trop grand. Au bout de dix minutes de négociation, je réussis quand même à avoir un intégral à ma taille sans visière mais au moins un truc que je pourrai attacher à la moto avec l'antivol pour ne pas être emmerdée avec lors de la grimpette.


Départ vers 9h30, il fait noir vers 18h30 et la moto doit être revenue pour 19h. Il me reste en gros 7 heures de balade et un peu plus de 300 bornes à faire sur des petites routes viroleuses. Cela me parait
jouable. Le mec sort la moto et commence à m'expliquer le passage de vitesses, le starter, le kick et tout le reste. Je lui fais comprendre que je connais et que je perds du temps, que j'ai une bécane en France. C'est obligatoire, pas le choix.


Enfin, je peux partir. Je fais le plein d'essence et je n’en reviens pas : 4 euros 60 pour remplir le réservoir. Je kicke pour démarrer... Même pas besoin de donner un grand coup de pompe, c'est aussi mou qu'un pédalier de VTT en descente!!! L'embrayage a un coup dans le pif, les pneus sont rincés, le compteur kilométrique ne fonctionne pas mais ça a l'air de rouler. J’ai au moins le compte tour!!!


Je sors rapidement de la ville pour me retrouver sur un gros rond point et bien sûr sur la mauvaise file car je suis à droite et dois tourner à gauche vers le parc national du Teide. Il y avait énormément de circulation et j’ai du attendre un bout de temps qu’une voiture sympa me laisse traverser pour rejoindre la bonne direction.


Enfin les routes de montagne!!! J'ai commencé à rouler en tee shirt. Il faisait quasi trente degrés. Ca grimpe sec. Le DTMX est un vrai vélo à conduire et il n’y a personne sur les routes, le top!!! Toujours pas de Teide en vue car il est enfoui sous un gros nuage.


Arona, un stop, la route qui va vers le volcan à gauche et une piste juste avant qui part aussi à gauche. Je prends la piste. Elle devrait me mener au même endroit. Des ornières, des caillasses glissantes, ben oui, la lave émiettée, ce n’est pas la joie!!! Je me bloque sur l'ornière de droite en faisant gaffe quand même car pas de parapet et un vide sur ma droite. Une grosse montée, je tente une accélération, mais qui ne passe pas. Le DTMX n'a pas assez de patate pour y grimper. Et j'ai juste oublié une chose ; je n’aime pas les descentes!!! Bref, je cale en plein milieu de la
pente... Galère, la main sur le frein, heureusement, qu’il y en avait!!! La roue arrière à trente centimètres du vide. Je descend délicatement du coté gauche de la moto, non pas le droit!!! Pas la place!!! Je dérape dans les cailloux avec les pompes. L'ornière du milieu est trop haute pour y faire passer la moto, je la fais riper un peu pour la remettre dans le chemin et je descends la moitié de la grande pente main sur le frein avant, centimètres par centimètres. Enfin un endroit à peu près potable pour béquiller. Je vais quand même voir à pieds ce qu'il y a plus haut : ça grimpe encore
plus!!! Mais pourquoi il n’y avait plus de DR en location!!!! Je n’avais donc pas d'autre choix que de faire demi tour. Heureusement, c'est un poids plume et la manœuvre n'a pas été trop difficile, kickage et descente. Pour reprendre la route normale en macadam... Finalement, les pistes de montagne en DTMX, je renonce, ça n’est pas pour moi.


Essai de tout terrain en DTMX

Vilaflor. Je suis dans le nuage et ça caille!!! Je remets toutes les couches de polaire, les gants de plongée et je reprends la route dans l'humidité et le brouillard. Si c'est comme ça jusqu'en haut, c'est mal barré pour la superbe vue!! Ça m'a fait repenser à l'Etna sous la neige ou le Vésuve dans le brouillard avec la 1400 intruder.. Je passe d'un paysage de forêts à un paysage plus lunaire et j'arrive enfin au dessus de ce nuage!!! Pas mal d'arrêts photo sur la route avec le sommet du Teide en fond.


La pilote avec le Teide en fond

Un parking avec des rochers aux formes bizarres, je stoppe, coupe le moulin et me balade un peu à pieds. Je suis à plus de 2000 mètres de hauteur et la vue est superbe!!!


Des rochers de lave et paysage lunaire à 2000 mètres

Plus que 300 mètres environ de dénivelé avant de récupérer le téléphérique qui m'emmènera à plus de 3000. Je tente de démarrer le DTMX, pas moyen!! Elle fait une sorte de couinement, démarre juste un peu, de quoi redonner un espoir et cale aussitôt!!!


Je tente à la poussette dans la descente, pas moyen non plus.. Et merde, me voila coincée au milieu de nulle part avec une moto en rade!!! Vérification de tous les éléments, RAS, tout est OK... Je tente le starter et un mec propose de pousser. OK. Seconde, il pousse sur trois mètres et le DTMX enfin daigne ronronner et partir!!!


Arrivée au pied du téléphérique, je pose la moto, attache le casque et grimpe en mode lopette pour 20 euros. Arrivée la haut, je n’avais pas de laisser passer pour aller jusqu'au cratère à 3700 mètres. Ca finit par s'arranger avec 10 euros de pourboire au garde. Grimpette rapide
au milieu des bouts de blocs de lave remplis de glace avec un peu de neige tout ça sous un super soleil; quelques photos, du cratère et des fumeroles avant d’entamer la descente.


Vue sur le cratère au sommet du Teide


Un coup de flotte et ça repart. Il est plus de 14h, je n’ai pas le temps de grignoter mis à part des barres de céréales que j'avais dans le sac à dos.. Il me reste en gros 200 bornes à faire pour aller visiter des pyramides à Guimar et rapatrier la moto à bon port. Hésitations. Je risque le coup. De toutes façons, y'a l’option autoroute pas loin si je n’ai pas le temps. Y'a une piste qui y descend en direct que je pourrai prendre. Où la route un peu plus loin... Les paysages lunaires sont superbes ! !


La descente dans un paysage époustouflant

Vue sur le sommet du Teide


J'arrive au cap fatidique des 2000 mètres, en plein dans le nuage... De la flotte plein la tronche, un brouillard à couper au couteau, la visibilité qui ne dépasse pas les dix mètres. Pas facile pour négocier les virages quand on les voit à la dernière minute!!! Je me la fais top lopette pour la descente. La route est inondée par endroit avec des coulées de boue et parfois des cailloux en plein milieu. Mais qu'est ce que je fous la alors que sur la cote, y'a trente degrés!!! Ce qui me rassure finalement, c'est de penser à tous les potes du nord qui ont les mêmes conditions en ce moment mais ne pourront pas se réchauffer en bord de mer ! ! ! Je passe aussi quelques gués bien sympas.. Pour les pistes, elles sont inondées, même pas la peine d'y penser!!!

2000 mètres dans le brouillard


Enfin, les 1000 mètres et sous les gouttes de flotte, je commence à apercevoir la lueur du soleil. La galère touche à sa fin!!! 900 mètres de dénivelé pour sécher, me réchauffer un peu car je suis gelée, les gants sont trempés et les doigts commencent à ressembler à des glaçons!!! Le pantalon et le blouson sont trempés aussi!!


Vue sur la côte


Guimar et les pyramides, visite rapide. Je suis emmitouflée sous trois couches de polaires alors que les autres touristes sont en short et tee shirt ! ! ! Les pyramides et le site valent vraiment le coup d’œil avec un film et des explications sur leurs origines dans toutes les langues.

Les pyramides du Guimar



16h15, il faut repartir, je trouve la direction de la montagne tout en me gardant bien de repasser le cap des 1000 mètres. La route est vachement sympa, ça tourne dans tous les sens et je m'amuse avec le petit DTMX. Je comprends le plaisir que l’on peut avoir avec ce type de machine dans les cols de nos montagnes. Ca se manie comme un vélo et tous les virages passent tout seul!!! Par contre, pour faire dix bornes sur la carte, je dois bien en faire 20 sur le terrain!!!


Arrêt essence où je remet quasi 2 litres pour un euro. J'ai la route pour moi toute seule car pas une seule caisse en vue. J'ai du en croiser deux ou trois, pas plus!! Il me reste encore 50 bornes jusque Granadilla et quasi 100 pour rapatrier la moto et il est déjà 17H. Pas le temps de continuer sur cette route même si les points de vue sont superbes. Je reprends la route qui descend sur la côte et je termine la virée par autoroute.


18h, la nuit commence à tomber et je suis arrivée pile à temps pour rendre la moto et récupérer mes 100 euros de caution après vérification complète de l'engin...


Bref, superbe balade cool et la 125 DTMX est une moto avec laquelle on peut se faire plaisir même si l’on est habituée à conduire plus gros et plus puissant ! ! !


Texte et photos : Christine Dufossé